Pas de paix ‘durable’ sans développement durable
Communiqué aux médias
Durant sa présidence en mai du Conseil de sécurité de l’ONU à New York, la Suisse veut « promouvoir une paix durable ». Or le Conseil fédéral constatait il y a un an que notre pays prend du retard dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 onusien de développement durable ; le gouvernement n’a cependant rien décidé jusqu’ici pour combler les lacunes identifiées. La Plateforme de la société civile Agenda 2030 demande des mesures immédiates pour que la Suisse tienne le cap.
Il y a huit ans, la Suisse adoptait – avec les Etats membres des Nations Unies – l’Agenda 2030 et ses 17 Objectifs de développement durable, les ODD. Cette semaine, le secrétaire général de l’ONU António Guterres constate dans son bilan à mi-parcours que la réalisation stagne ou recule pour plus de 30% des objectifs, que les progrès restent insuffisants pour la moitié d’entre eux et que seuls 12% des objectifs sont sur la bonne voie pour être atteints en 2030. La pauvreté et les inégalités augmentent, l’égalité des sexes est loin d’être atteinte, les émissions de gaz à effet de serre s’accroissent et la biodiversité s’affaiblit – une espèce sur cinq est menacée d’extinction.
Il y a un an déjà, le Conseil fédéral publiait son rapport national sur l’avancement de l’Agenda 2030. Il a observé lui aussi que la Suisse ne tient pas suffisamment le cap. Chez nous aussi, la pauvreté et les inégalités grandissent, notre empreinte matérielle à l’instar des déchets urbains s’accroissent, les sols sont de moins en moins perméables ; tandis que recule le nombre d’oiseaux nicheurs, la biodiversité diminue dans les prairies et les pâturages.
Afin d’inverser la tendance au niveau mondial, António Guterres appelle chaque pays à relever le niveau d’ambition de sa mise en œuvre nationale. Il demande d’alimenter un fonds ODD en faveur des pays pauvres à hauteur de 500 milliards de dollars US par an.
La Plateforme suisse Agenda 2030 – qui regroupe plus de 50 organisations agissant pour l’environnement, la coopération au développement, les droits humains, l’économie durable, le genre, la paix, le logement et le travail – a publié l’été dernier des propositions sur la manière dont la Suisse peut réaliser les ODD ici et dans sa politique internationale. Nous demandons au Conseil fédéral de prendre des mesures pour accélérer l’application de l’Agenda 2030. La priorité doit être donnée aux ODD dont la réalisation régresse :
- Nous demandons une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté réduisant de moitié la pauvreté d’ici 2030, qui formule des actions concrètes portant sur les causes et qui clarifie le rôle de la Confédération, des cantons et des communes.
- Nous encourageons l’économie circulaire en demandant des conditions-cadres légales, afin de réduire la consommation des ressources, de fermer et ralentir les cycles des matériaux.
- En faveur de la biodiversité, la Suisse doit protéger 30% de son territoire d’ici 2030 et développer un plan d’action ambitieux et des moyens suffisants pour stopper la perte des espèces naturelles.
- La Confédération doit fixer les conditions-cadres au marché financier, afin que les investissements contribuent à préserver le climat et les droits humains.
L’accent mis par la Suisse en vue de « renforcer une paix durable » demeure juste et important. Mais c’est en prenant des mesures efficaces pour la durabilité que le Conseil fédéral contribue le mieux à cet objectif dans le monde et en Suisse.
Eva Schmassmann
Plateforme Agenda 2030
Pierre Zwahlen
Président Plateforme Agenda 2030
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