Cinq ans après l’adoption de l’Agenda 2030, le Conseil fédéral présente sa stratégie pour le développement durable 2030. Celle-ci reste très en deçà des ambitions de l’Agenda mondial sur le plan concret et paraît dès lors inappropriée pour le mettre en œuvre.

Le Conseil fédéral a ouvert aujourd’hui la consultation sur la stratégie de développement durable (SDD) 2030. Annoncé en mars de l’an dernier déjà, le document suscite des attentes élevées. En introduction, le gouvernement suisse confirme d’ailleurs la nécessité d’approches systémiques et globales, en regard des interdépendances entre toutes les dimensions de la durabilité; il promet d’appliquer les lignes directrices et les buts définis dans toutes les politiques sectorielles de la Confédération et de renforcer ainsi la cohérence politique pour la durabilité. La SDD consolide l’engagement gouvernemental à atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030. Il y a de vrais besoins d’agir dans les champs thématiques choisis que sont « Consommation et production durables », « Climat, énergie et biodiversité » ainsi qu’« Egalité des chances ». La coopération internationale, la finance durable et le commerce extérieur jouent un rôle majeur pour assurer le succès des ambitions.

Les finalités ambitieuses ne sont toutefois suivies d’aucune mesure concrète. Les objectifs, que le Conseil fédéral établit dans la SDD, restent très loin des cibles formulées dans l’Agenda 2030. Alors que l’ODD 1 entend diviser par deux la pauvreté telle que définie sur le plan national par exemple, le gouvernement se contente d’une réduction de la pauvreté en Suisse. L’ODD 12 veut abolir progressivement le subventionnement des carburants fossiles ; de son côté, le Conseil fédéral ne vise qu’à éviter l’impact environnemental négatif d’incitations financières existantes à utiliser l’énergie fossile. Le gouvernement allonge le délai de réalisation d’autres objectifs. Ce n’est ainsi qu’en 2050 que le sol n’enregistrera plus de perte nette, en regard de ses dégradations. 4 ODD sur 17 n’obtiennent simplement pas d’objectif formulé (ODD 9 industrie, infrastructure et innovation ; ODD 14 vie aquatique ; ODD 16 paix, justice et institutions ; ODD 17 partenariats).

Plus généralement, la SDD 2030 ne prévoit aucun moyen pour sa réalisation. La durabilité doit être mise en œuvre dans le cadre ordinaire des différents offices fédéraux. La stratégie demeure ainsi un catalogue d’objectifs déjà décidés par la Confédération. La précédente SDD 2016-2019 avait déjà déçu. Une évaluation externe jugeait ses effets « modestes ». La stratégie était d’abord un document qui résumait surtout les mesures décidées par les départements en faveur du développement durable. Dans sa nouvelle version, le Conseil fédéral reste fidèle à cette option et néglige les résultats de l’évaluation effectuée.

La Plateforme suisse Agenda 2030 analysera le projet de SDD en détails et participera à la consultation. D’ores et déjà, il apparaît clairement que le Conseil fédéral manque l’occasion de formuler une stratégie ambitieuse, tournée vers l’avenir, en mesure de réaliser l’Agenda 2030 avec efficience.