Agenda 2030 : des cantons latins ouvrent le chemin
Plusieurs cantons élaborent leur Agenda 2030 selon des modalités propres. Genève a publié son concept de développement durable il y a trois ans, précisé par la suite dans un plan d’action 2019-2023.Fribourg a mis une stratégie 2030 en consultation cette année. De son côté, Vaud parie sur une démarche participative associant tous les services cantonaux. Résultat attendu cet hiver.
Le gouvernement vaudois a placé l’Agenda 2030 au cœur de son programme de cinq ans, consacrant tout un chapitre aux ODD qui engagent la Suisse et les Nations Unies. Il a désigné à cette fin un comité interdépartemental, qui réunit de proches collaboratrices ou collaborateurs des ministres. Sous la coordination du bureau de la durabilité (ex-UDD), les directions générales et les services de l’Etat définissent les mesures ou les tâches, afin de ménager le patrimoine naturel, de maîtriser la croissance au bénéfice des générations futures. Car les spécialistes de l’hôpital universitaire (CHUV) pour les maladies infectieuses le reconnaissent aujourd’hui : épidémies et pandémies risquent de s’accroître, sous le double effet du réchauffement et de la perte de diversité des espèces.
Egalités, climat, biodiversité
L’Agenda 2030 cantonal ne pourra se contenter d’énumérer les missions déjà connues. Il devra dessiner les orientations des dix ans qui viennent, sans épuiser les ressources ni laisser personne de côté. Les modalités et les moyens seront observés avec attention. Pour réaliser l’ODD 13, la première génération du plan climat libère 173 millions d’investissements, dont 34 millions de francs en 2021. Qu’en sera-t-il pour réduire les inégalités (ODD 10) ou promouvoir la biodiversité (ODD 15)? De telles finalités ne sauraient se réaliser qu’à la seule échelle du canton. Financés par des fonds publics, les projets d’aide au pays du Sud s’inscrivent aussi dans les objectifs de durabilité, visés par la Fédération vaudoise de coopération et ses cinquante ONG affiliées. D’ailleurs, d’autres cantons comme le Valais, Fribourg ou Genève ont publié une stratégie ou un concept de développement durable 2030. Le Tessin a élaboré son programme de législature 2019-2023 sur la base de l’Agenda 2030. Quant à la Confédération, le Conseil fédéral a enfin mis sa stratégie en consultation le 4 novembre dernier, après de longues dissensions dans son administration sur les contenus. Et Yverdon-les-Bains est l’une des toutes premières villes à se doter d’un Agenda 2030 dans le pays.
Dispositif légal pour la durabilité
Après le postulat déposé au Grand conseil vaudois en août 2017, qui a convaincu le Conseil d’Etat de placer les ODD au cœur de son programme, c’est une motion qui a trouvé le soutien unanime (une seule abstention) de la commission du Grand conseil cette année. La motion demande un vrai dispositif pour réaliser efficacement l’Agenda. Inspiré des lois neuchâteloise et genevoise, le texte précise les instruments nécessaires et les possibilités de mobiliser les communes, associations et personnes morales. La stratégie cantonale demandée traitera en particulier des thématiques suivantes: promotion de la santé et prévention des maladies, formation et innovation, cohésion sociale, modes de consommation et de production responsables, changements du climat, diversité du patrimoine naturel, système économique et financier, développement territorial.
À hauteur des défis ?
Un groupe thématique de parlementaires des divers partis se rencontre périodiquement, pour anticiper la mise en œuvre de la durabilité. Promis pour le début de l’an prochain, l’Agenda 2030 vaudois attise les impatiences. Le Conseil d’Etat vaudois aura-t-il le courage des ambitions initiales ?
Pierre Zwahlen
Président Plateforme Agenda 2030