La Suisse dégringole au classement de la durabilité. Comment remonter?

6. Août 2024 | actualité, cohérence des politiques

En deux ans, la Suisse chute de la 8e à la 22e place dans le classement mondial, qui vérifie le degré de réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Elle recule à son niveau d’il y a quatre ans en nombre de points. Sans sursaut majeur, notre pays manquera les engagements pris pour 2030 avec les autres membres de l’ONU.

La Suisse se classe même au 163e rang sur 167 quant à son impact social et environnemental à l’étranger (spillover index). Publié en juin dernier, le rapport sur le développement durable 2024 du Réseau de solutions pour la durabilité (SDSN) passe les états au crible de 125 indicateurs. Des cartes du monde colorées inventorie les pires et les meilleurs pour chacun des 17 ODD. Le profil de chaque pays permet de cerner son évolution depuis 2000 à aujourd’hui. Le classement, qui n’a pas d’équivalent, évalue méthodiquement le sens donné à l’Agenda 2030 : des cibles mesurables et vérifiables. Sorti l’hiver dernier, le rapport européen correspondant signalait déjà le déclin du pays à croix blanche.

Les faiblesses helvétiques se sont parfois encore accrues. Par le biais d’importations massives et peu regardantes, la production et la consommation du pays deviennent toujours moins responsables (ODD 12). Le statut de paradis pour les entreprises et le secret fiscal, même aménagé, dévaluent nos partenariats pour la durabilité (ODD 17) ; et ce sera pire encore, si la coopération au développement devait être tronçonnée sur le dos des plus pauvres. La moitié des milieux naturels et le tiers des espèces sont menacés (ODD 15). L’agriculture dépend de fourrages et d’engrais étrangers, tandis que nous pourrions privilégier fruits et légumes dans notre alimentation (ODD 2). La puissante place financière continue d’investir massivement dans les énergies fossiles, désastreuses pour le climat (ODD 13).

Allemagne (4e), France (5e), Autriche (6e) : nos voisins font pourtant bien mieux, après trois états scandinaves ! Et l’Italie (23e), à un cheveu de la Suisse, peut la dépasser prochainement. C’est la démonstration que la Confédération a perdu toute volonté de tenir ses engagements d’ici 2030. Certes le rapport national du Conseil fédéral confirmait le diagnostic critique en 2022. Mais son plan d’action, publié en parallèle, n’envisageait qu’études et travaux fondamentaux !

Nous rassembler pour une Suisse durable

Les milieux scientifiques, des responsables d’entreprises – et la société civile au premier rang – se mobilisent de leur côté pour réussir. Aux côtés des Académies et des Hautes écoles, des réseaux se sont constitués : l’Alliance pour les entreprises durables, Sustainable Swiss Leaders, la Fédération suisse des entreprises (Gewerbeverein), etc. Des milliers de sociétés se réfèrent à l’Agenda 2030, qui est devenu un langage commun, une finalité au niveau mondial.

Pour le démontrer, notre Plateforme de la société civile entend réunir bientôt plusieurs personnalités issues de domaines différents. Ces dernières présenteront des résultats tangibles et diront comment elles s’engagent pour la suite. Nous montrerons alors la détermination commune en faveur d’une Suisse durable, d’un pays qui a les moyens de respecter les limites planétaires. Premier levier reconnu du développement durable, notre Plateforme initie le rassemblement large de toutes celles et de tous ceux qui veulent la transformation, ici et dans le monde.

Portrait Pierre Zwahlen
Pierre Zwahlen

Président Plateforme Agenda 2030

Liens:

Sustainable Development Report 2024, publié par le Réseau de solutions pour la durabilité (SDSN)

Tags

, ,