Le compte à rebours a commencé !

13. Jan 2025 | actualité

Dix ans se sont écoulés depuis l’entrée en vigueur de l’Agenda 2030, un plan global avec des objectifs couvrant tous les aspects du développement durable. L’objectif : assurer une bonne qualité de vie partout dans le monde. Et ce d’ici 2030. Ce qui semblait encore loin est maintenant imminent. Alors, quelles étapes clés sont prévues en 2025 pour la Suisse et l’ONU ? 

En politique, le temps est compté en législatures. Depuis l’adoption de l’Agenda 2030 en octobre 2015 à l’ONU à New York, la Suisse a connu des élections fédérales marquées par des changements significatifs. De l’essor de l’UDC en 2015 à la percée des Vert∙e∙s en 2019, en passant par les « Hunger Games » politiques de 2023, le paysage a évolué.  

Plus de deux législatures ont passé depuis l’adoption de l’Agenda 2030, une éternité en politique. Pourtant, 2030 approche à grands pas. En sachant qu’en moyenne, les conseillers et conseillères fédéraux∙ales exercent leur mandat pendant 10 ans, il est probable que plusieurs membres actuels soient encore là en 2030. Quels sont donc les plans pour faire avancer les ODD cette année ? 

Un monitoring de plus 

En Suisse, tout est minutieusement orchestré. Tous les quatre ans, le Conseil fédéral présente un rapport à l’ONU sur les progrès accomplis. Après le rapport de 2022, le prochain est prévu pour 2026. Les préparatifs sont déjà en cours et, de février à mai 2025, les acteurs∙rices externes à la Confédération sont invité∙e∙s à commenter les progrès de la Suisse et à soumettre leurs exemples de mise en œuvre. Un événement de lancement est prévu le 30 janvier. 

Sur la scène internationale, juillet verra les représentants des pays, de l’économie et de la société civile se réunir à New York pour le High Level Political Forum. L’accent sera mis sur l’ODD 3 (bonne santé et bien-être), l’ODD 5 (égalité entre les sexes), l’ODD 8 (travail décent et croissance économique), l’ODD 14 (vie aquatique) et l’ODD 17 (Partenariats), ce dernier étant à l’ordre du jour chaque année. 

Trois conférences internationales majeures ponctueront en outre l’année. En juin, Nice accueillera la 3ème conférence des Nations unies sur les océans, consacrée à la conservation et à l’utilisation durable des ressources marines, mettant en avant l’ODD 14. Fin juin, la 4ème Conférence internationale sur le financement du développement se tiendra à Séville, tandis qu’en novembre, le Qatar sera l’hôte du 2ème Sommet mondial pour le développement social. 

Financement du développement durable 

En 2015 et en parallèle aux négociations sur les ODD et l’Agenda 2030, la 3ème Conférence internationale sur le financement du développement s’est tenue à Addis-Abeba, en Éthiopie. L’Agenda 2030 ne contenant aucune disposition sur la manière dont les ODD doivent être financés dans les différents pays, cette 3ème Conférence sur le financement du développement avait défini sept domaines d’action pour le financement des ODD : 1. les recettes fiscales des pays, 2. les investissements privés, 3. la coopération au développement, 4. le commerce international, 5. l’endettement, 6. les problèmes systémiques (dont font partie, par exemple, la réglementation du secteur bancaire pour éviter les crises financières ou la domination des États-Unis au sein de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international), 7. la science, la technologie, l’innovation et le renforcement des capacités.   

Cependant, le déficit de financement s’est creusé, exacerbé par la pandémie, la crise de la dette, la crise climatique et les guerres. Le rapport 2024 sur le financement du développement évalue à environ 4 billions de dollars américains par an le montant manquant. À titre de comparaison, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que les subventions mondiales pour les énergies fossiles en 2022 – année record – s’élèvent à plus de 1 billion de dollars américain ! Ce qui nous permets de remettre en question l’excuse des gouvernements qui disent manquer d’argent pour financer la durabilité. 

Dix ans après Addis-Abeba, les sept champs d’action seront réévalués à Séville, dans un contexte de tensions internationales. Trouver des solutions multilatérales à ces questions controversées reste un défi majeur. 

Un royaume invite au sommet social 

En novembre, le Qatar accueillera le 2ème Sommet mondial pour le développement social, mettant l’accent sur la justice sociale, l’inclusion, l’égalité et la non-discrimination. Trente ans après le premier sommet mondial de Copenhague, la dimension sociale du développement durable doit ainsi être remise à l’ordre du jour.    

L’avenir de l’Agenda 2030 est également à l’ordre du jour au Qatar : comment négocier l’après 2030 ? Faut-il une mise à jour des ODD ? Une prolongation ? Ou même un nouveau cadre d’objectifs ?  

Une lueur d’espoir : les votations populaires 

Malgré un climat mondial tendu et les coupes budgétaires voulues par le Conseil fédéral et le Parlement, certaines votations populaires récentes nous donnent de l’espoir : l’introduction d’une 13ème rente AVS ou le rejet de l’extension des autoroutes montrent en effet que la population ne partage pas toujours les priorités politiques du Conseil fédéral et du Parlement et qu’elle est favorable à un tournant en matière de mobilité et pour un renforcement de la sécurité sociale.  

En tant que réseau d’actrices et d’acteurs de la société civile, nous souhaitons soutenir ces acteur∙rice∙s et misons sur la force de l’innovation sociale et de l’expérimentation au-delà du business as usual. Nous nous réjouissons enfin des différentes initiatives issues des milieux de la société civile comme l’initiative pour l’inclusion, pour la démocratie ou pour plus de responsabilité des entreprises qui visent à rendre la Suisse plus durable.

Portrait Eva Schmassmann
Eva Schmassmann

Plateforme Agenda 2030

Liens:

Analyse du processus Financement du dévelopment durable (Global Policy Forum, anglais): UN Preparatory Committee charts course for 4th Financing for Development Conference

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